Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/489

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

miliarité le mardi chez Mme de Coulanges, avec Mme de Chaulnes et les Divines, en toute liberté, retirées à onze heures. Ce matin, la messe des cendres, écrire en repos à sa chère fille : voilà la vie de votre pauvre mamans,[1] pendant que le chevalier et le minet[2] sont à Versailles, où tous plaisirs ont fini pour faire place à la vive douleur de Monsieur et de Madame. Cette pauvre reine d’Espagne, plus âgée d’un an que sa mère,[3] est morte comme elle d’une étrange manière : elle tomba, le 10è de ce mois, dans des vomissements si extrêmes et si violents, que nul remède n’a pu la secourir ; et jusqu’au 12e qu’elle mourut, à midi,10. [4] elle n’a pas eu un moment pour respirer. M. de Rebenac[5] mande que rien n’est si digne d’admiration que son courage et sa fermeté, avec de grands sentiments de christianisme, mandant au Roi qu’elle n’a point de regret à la vie, et qu’elle meurt de sa mort naturelle, quoiqu’elle eût d’abord dit comme Madame, et comme elle s’en repentant [6] : enfin on ne parle point de poison ; ce mot est défendu à Versailles et par toute la France ; mais la pauvre princesse[7] et c’est une perte dans l’état présent des affaires.[8] On parle étrangement de celles d’Angleterre après de

  1. 5. « De votre maman. » (Edition de 1737.)
  2. 6. Le marquis. Voyez ci-dessus, p. 454 et 455.
  3. 7. Madame Henriette était morte à l’âge de vingt-six ans.
  4. 8. « Et jusqu’au 12è à midi qu’elle mourut. » (Édition de 1754.) La Gazette, que nous avons citée plus haut, p. 479, note 15, dit que la reine d’Espagne mourut à huit heures et demie du matin.
  5. 9. Ambassadeur extraordinaire en Espagne. Voyez tome VI p. 246, fin de la note 32, et tome VII, p. 161, fin de la note 4.
  6. 10. Quoique d'abord elle eut dit comme feu madame et se repentant comme elle de l'avoir dit (Edition de 1754)
  7. 11. «Cependant la princesse, etc. » (Édition de 1737 .) est morte,
  8. 12. C’est-à-dire au moment où il se formait une ligne contre la France.