Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/75

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au Roi à votre gré ; pour moi, j’en ai été bien content aussi ; feu mon pauvre ami me manda que Sa Majesté lui en parut touchée(12);jusques ici cela ne me paroit pas : je verrai, comme il dit lui-même. Adieu, ma chère cousine : je ne croyois pas pouvoir vous aimer plus que je fais ; cependant la mort de mon pauvre ami m’a laissé vide une partie de mon cœur que je ne saurois mieux remplir que de vous(13). Votre chère Coligny vous tient bien chère aussi ; elle et moi nous aimons fort Mme de Grignan, et nous ne le cédons pas même à Madame sa mère ni à Monsieur son mari.

                   *1027. - DE CHARLES DE SẺVIGNẺ
                          A  D'HERIGOYEN
                                Aux Rochers, ce 10e juillet.

JE suis fort affligé et fort surpris aussi, Monsieur d’Herigoyen, que vous songiez à quitter le Buron après avoir connu la terre comme vous avez fait et y avoir fait un profit assez considérable, en une seule année, pour n’en être pas dégoûté. Il y a encore d’autres casuels qui sont prêts d’échoir, et dont je suis étonné que vous ne vouliez pas profiter. Pour moi, je vous avoue que j’étois fort aise qu’ils tombassent entre vos mains plutôt qu’entre les mains d’un autre. Je vous prie d’y faire encore bien

12. Voyez la lettre de Saint-Aîgnau dans la Correspondance de Bussy, tome VI, p. 63.

13.L’édition de 1697 ajoute :" Les amis qu’on perd nous rattachent encore plus à ceux qui nous restent. »

LETTRE 1027 (revue sur l’autographe). -1. Ce mot est écrit ainsi dans la lettre originale, qui a été reproduite fort inexactement en 1820, à la suite des Mémoires de Coulanges, p. 360 et 361.