Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/289

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me rendre auprès de Mme de Sévigné. Je suis sûre que vous ne désapprouverez pas mon goût, et que cette préférence ne me brouillera pas avec vous[1]. Je ne vous parlerai point de la députation, nous avons épuisé cette matière : nous soutenons si bien cette petite disgrâce, que cela fait voir que nous étions dignes de ce que nous espérions. Je suis ravie, ma chère sœur, que notre chambre soit toute prête à Grignan ; je vous embrasse très-tendrement : ne le voulez-vous pas bien? Si j’osois, j’embrasserois aussi M. de Grignan ; mais l’amitié que j’ai pour lui est tellement vive, que je fais scrupule de tout.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

EN vérité, je reprends la plume à regret, car elle disoit fort bien ; ce n’est que pour vous embrasser encore une fois[2].

1230. -- DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 30è octobre.

Parlons de la douleur de toutes vos séparations, ma chère fille ; il y a longtemps que je les sens pour vous, et que vous éprouverez bien[3] le malheur d’avoir eu une si bonne compagnie ; mais vous avez changé d’avis. Je vous mandois[4] cet été que Monsieur le chevalier pourroit pas-

  1. 45. « Ne me mettra point mal avec vous. » (Édition de 1754.)
  2. 46. « Mais c’est que je veux embrasser nia chère Comtesse. » (Ibidem.)
  3. LETTRE 1230. 1. -- C’est-à-dire « et que je sens que vous éprouverez bien. » Dans l’édition de 1754 « et que j’ai dit que vous éprouveriez bien, etc. »
  4. 2. « Je vous mandai. » (Édition de 1754.)