Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/579

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1299. _-- DE MADAME DE SÉVIGNÉ A DU PLESSIS.

Aux Rochers, mercredi 30è août.

EH ! vraiment1, mon cher Monsieur, je ne doute point devotre joie : pensez-vous que je vous sépare d’avec nous, et que je ne croie pas fermement que cette requête civile étoit votre affaire ; comme l’arrêt que nous eûmes il y a deux ans ? Hélas ! si j’avois été à Paris, nous nous serions tous embrassés dans le premier moment de notre joie, comme ce jour-là. Il est vrai que notre victoire est complète ; nous avons été agréablement surpris par les conclusions de M. Talon, qui a fait une très-belle action, et aussi utile pour sa réputation que pour nous. Monsieur de Carcassonne a fait des merveilles, et enfin nous avons tous sujet d’être fort contents. Je vous avoue que ma joie n’a pas été médiocre, surtout voyant M. Gui et son sot maître condamnés à l’amende ; c’est le comble de la victoire et de leur confusion : enfin il faut remercier Dieu, car jamais je ne regarde que lui pour la véritable cause de tous les événements2, et ensuite je remercie toutes les jolies causes secondes qui ont agi par son ordre, et pour lesquelles on ne sent encore que trop de reconnoissance.

N’avez-vous pas reçu une dernière lettre de moi, ou j’étois en furie contre le Mercure galant d’avoir trouvé l’invention de ne pas dire un mot du chevalier de Pompone, en parlant du passage de la Sambre par les dra

LETTRE 1299 (revue sur l’autographe).-- 1. II y a ici encore vrament dans l’original. A la date, Mme de Sévigné a écrit mecredy 30èe oust. »

2. Il y a un trou dans le papier après les, et sans aucun doute un mot a été enlevé : « les bons,»   ou peut-être « les heureux événements. »