Page:Sabatier - Description generale des monnaies byzantines, 1862, vol. 1.djvu/8

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À MONSIEUR DE SAULCY


Cher confrère,

La numismatique, on le nierait en vain, est une véritable passion, mais une passion noble, agréable et utile par ses effets, puisqu’elle prédispose l’esprit au travail et à l’étude, puisqu’elle épure le sentiment et le goût, en écartant l’ennui, cet ennemi le plus dangereux du genre humain. Et pourtant, s’il fallait en juger par l’exemple de la plupart des collectionneurs, le développement du goût numismatique, chez bon nombre d’individus, est l’effet d’un caprice ou du hasard. On commence assez généralement par réunir et accumuler pèle-mêle, sans choix, sans méthode, sans intention bien arrêtée, des monnaies ou des médailles quelconques ; un jour, dans un accès de désœuvrement ou d’ennui, le regard tombe sur ces pièces et on cherche à les déchiffrer. C’est ici l’instant décisif, car si le sort amène sous votre main une médaille à l’explication de laquelle se mêle quelque intérêt, votre vocation se prononce et la science numismatique compte dès lors un adepte de plus. Cette fantaisie d’un moment passe bientôt à l’état de passion plus ou moins violente, suivant le caractère des individus, et à son insu, l’esprit le plus indolent et le plus apathique secoue sa torpeur et se trouve irrésistiblement entraîné