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journal

à lui-même dans cette Babel qu’on appelle Paris, ne rêvant que joies et festins ; vie excentrique, entremêlée d’études sérieuses, de parties de plaisir et d’intrigues de femmes ; vie décolletée qui se passe au Château rouge, à la Chaumière, à Valentino, où un homme du caractère de Grasset ne pouvait se plaire. Du reste, chez le narrateur, les instinct généreux font vite retour et viennent chasser les folles pensées.

14 septembre.
En mer.

« Je voudrais redevenir soldat, écrit-il sous cette date ; je ne puis songer à cette existence sans voir tout en feu ; j’entends le canon qui gronde comme le tonnerre. Cependant toutes les fois que j’entends le tonnerre, involontairement, bien que je ne sois pas peureux, je songe à la mort et je tremble que Dieu ne choisisse ce moment pour m’appeler à lui ; puis d’un autre côté, j’aime le tonnerre, je trouve du charme à entendre cette grande voix de la nature qui parle plus haut que tous les hommes, et qui couvre le bruit du canon lui-même, ce tonnerre des armées. »

Passant ensuite à des sentiments plus calmes, il envie l’existence de l’homme simple, dépouillé d’ambition, vivant retiré dans sa famille, aimé et estimé de tous et jouissant du bien qu’il répand autour de lui :