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Le lendemain matin, la dompteuse écrivit au prince. Elle désirait une dernière fois le voir, et lui parler ; elle le priait ensuite de venir à la ménagerie à l’heure habituelle, en échange de quoi elle s’engageait à quitter Bucarest le jour même de son mariage. Edgard remit lui-même la lettre au prince. Ce dernier la parcourut, se mit à rire puis dit : « J’irai ! ».

À l’heure dite — onze heures du soir — le prince se présenta en effet à la porte de derrière de la ménagerie. Comme jadis, il n’eut aucune difficulté à l’ouvrir. Dans la lueur blafarde que les étoiles jetaient sur la neige, apparut Irma revêtue d’une courte jaquette de fourrure, elle lui prit la main et le conduisit avec précaution par le sombre passage. Comme autrefois, elle fit crier une seconde porte sur ses gonds, introduisit le prince dans un lieu complètement sombre puis, enlaçant le cou de Maniasko de ses beaux bras, elle le couvrit de tendres et ardents baisers.

Soudain, elle disparut. La porte était solidement fermée et le prince, en cherchant une issue, heurta du pied quelque être vivant qui se mit à remuer. Qu’était-ce ? Irma ne l’aurait-elle pas, comme jadis, conduit dans sa loge ?…

Au même instant, une lueur rouge et crue inonda l’endroit où se trouvait Maniasko : Irma