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voudrais-tu que je te demande une permission à toi.

Pista porta vivement la main à sa ceinture, où était placé son couteau mais il sentit aussitôt la main de Martscha qui lui arrêta le bras ; puis, en même temps, d’un regard impérieux, elle lui imposa le calme comme par enchantement, et suivit l’étranger.

Tout le monde fit place pour voir ce jeune couple danser le czardas, cette danse symbolique de l’amour à la fois suppliant et conquérant.

C’était, en effet un spectacle superbe et charmant. D’abord, le jeune homme, dont tout le monde admirait la taille haute et svelte, l’air hardi, et la belle fille, restèrent quelque temps en face l’un de l’autre, puis ils s’approchèrent peu à peu. Alors, de son bras droit, Sandor enveloppa avec ardeur les hanches rondes de Martscha, et ils se mirent à tourner voluptueusement dans un tourbillon enivrant. Pour finir, Sandor souleva sa fière fille en l’air, tout en poussant des cris joyeux.

Lorsque Martscha se sépara de lui, Sandor voulut lui adresser quelques paroles, mais elle s’éloigna d’un air hautain, pour aller rejoindre Pista qui l’attendait dans une attitude inquiète et menaçante.