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MARQUIS DE SADE — 1785
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La marquise est heureuse que la clef du cabinet de M. de Sade, dont elle était fort en peine, ait été retrouvée à la Coste. (22 juillet 1785).

……Ma santé est meilleure à présent ; il me reste une toux sèche qui me fatigue.

M. de Sade, c’est toujours la même chose : il ne peut retenir sa plume et cela lui fait un tort incroyable et, par dessus le marché, cela me prive de le voir et de recevoir de ses nouvelles……

Puisque la clef du cabinet de M. de Sade est dans mon secrétaire, chose que vous ne m’aviez pas dite jusqu’à présent, je ne vois pas d’inconvénient de le faire nettoyer par gens sûrs, vous présent et regardant bien que l’on ne touche à rien ; enfin toutes les précautions que vous jugerez à propos pour que MM. les Costains ne vous accusent, ni vous ni moi, d’avoir fait rien distraire. Je me souviens de ce qu’ils ont dit à M. de Sade pendant qu’il a été en Provence, disant que j’avais promis ma protection à Chauvin contre les intérêts de M. de Sade. C’est une platitude, mais qui prouve qu’il faut se méfier d’eux et que leur intérêt est de brouiller tout pour empêcher que l’on ne voie clair.

Comment ne m’avez-vous pas écrit cela aussitôt la mort de mademoiselle de Rousset ? Je n’aurais pas été en peine de cette clef.

Mes enfants se portent bien ; j’ai bien grondé de ce qu’ils m’ont mangé quatre cents livres chacun de plus qu’il ne fallait. L’on me promet monts et merveilles ; du reste ils se conduisent très bien et on en est très content……


Madame de Montreuil désespère de rien tirer du commandeur en faveur de ses petits-neveux. (À Paris, le 26 novembre 1785).

……Je crois que tout est inutile vis-à-vis de M. le commandeur. Il est par trop singulier et insouciant, et loin d’être utile à ses neveux, il paraît qu’il ne cherche au contraire qu’à les dépouiller de ce qui leur appartient très légitimement, notamment les répétitions à faire sur la succession de M. l’abbé pour Saumane et la vaisselle d’argent de son neveu, qu’il avait en dépôt jusqu’à ce qu’on lui rendît l’argent qu’il avait prêté pour la retirer et qu’il dit aujourd’hui avoir vendue. Si cela est, il faut pourtant qu’il la paie, sauf l’argent prêté, c’est-à-dire cent louis. Ainsi, loin de l’immiscer dans l’administration de l’absent, il faudra au lieu de cela agir peut-être contre lui en créance et restitution. Pour son petit-neveu, il ne m’a seulement pas fait l’honneur de me répondre. D’ailleurs, il a perdu trop d’occasions de lui faire du bien, sans prendre aucunement sur son aisance, pour croire qu’il en ait la volonté. Il est trop vieux pour espérer qu’il change d’avis ou qu’il ait le temps de le faire efficacement……