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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


affaires, la réserve de madame de Sade sur ce même objet, ne doit pas vous surprendre. Vous avez sûrement dans la Provence successivement tous les décrets de l’Assemblée nationale, notamment celui concernant les lettres de cachet, en date du vingt de ce mois. La manière dont il est rédigé peut produire des exceptions. C’est une question de savoir si, dans certaines circonstances, les familles doivent les provoquer. Il en est où je pense qu’elles doivent rester neutres et laisser l’administration, ou la partie publique, décider comme elle le jugera à propos. C’est le seul moyen de n’avoir aucun reproche à se faire ni à essuyer, à tout événement……


La marquise avise Gaufridy de la mise en liberté de son mari et de son dessein de demander la séparation.

Je n’ai que le temps de vous marquer, monsieur l’avocat, que M. de Sade est libre depuis le vendredi saint, qui était hier. Il veut me voir, mais j’ai répondu que j’étais toujours dans le dessein de me séparer, que cela ne se peut autrement. Envoyez mes effets et papiers à l’adresse de ma mère. Je lui ai fait dire que vous aviez l’administration en son absence et que c’était à vous qu’il fallait qu’il s’adresse pour avoir de l’argent. Il vous écrira sûrement. Voici son adresse : chez M. de Milly, procureur au Châtelet, rue du Bouloir, quartier de la place des Victoires. Ce 2 avril.


Ripert indique comment les états généraux ont été décidés dans le Comtat. (5 avril 1790).

……Les états généraux ont été décidés, malgré les ordres du pape, par l’assemblée de tous les consuls de cette province assemblés le vingt-deux du mois dernier et ils en ont fixé la tenue au dix-sept mai prochain. Ils doivent être composés de quinze du clergé, quinze de la noblesse et environ soixante du tiers état. Il y a apparence que MM. les seigneurs et le clergé seront maltraités. Ils ne veulent plus de mois privatif pour vendre du vin, l’amortissement des censes, plus de posterles[1] aux châteaux, impositions sur le bien des seigneurs, plus de lods, et autres demandes……


Le marquis fait savoir qu’il est libre et demande de l’argent.

Je vous donne avis, mon cher M. Gaufridy, que je suis libre enfin, et qu’au moyen d’une sentence rendue, laquelle annule l’administration établie dans mes biens, moi seul maintenant en jouis, moi seul maintenant les dirige. Ce n’est donc plus qu’à moi que vous aurez affaire ; mais, avant mille explications, avant aucun détail, comme la première chose est de manger et que, loin d’avoir un sol vaillant, je dois près de quatorze cents

  1. Poternes.