Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/172

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naient autant de plaisir, pouvaient mériter des éloges… Aline s’est précipitée dans les bras de sa mère et l’a accablée de caresses… — Ce tableau de l’innocence malheureuse, de la reconnaissance la plus tendre, d’un côté, et de l’autre celui de la tendresse filiale, de la piété, de la vertu, jetaient dans l’ame des impressions si délicieuses, y faisaient éprouver des mouvemens si délicats et si doux. — Ô mon ami ! s’il est des joies célestes elles ne sont composées que de pareilles sensations !

On se sépare ; tant de vibrations diverses avaient affaibli l’ame de Sophie : la garde nous pria de la laisser seule, et l’on fut se mettre à table ; la bonne Isabeau voulait aller manger à l’office ; madame de Blamont et madame de Senneval la firent asseoir entr’elles deux ; elle y fut décente, honnête et polie, tant il est vrai que la vertu n’est jamais déplacée nulle part ; il n’est pas une seule table, mon ami, qu’une telle convive n’honore plus, que ne l’eût fait une de ces impudentes, connues sous