Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/192

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donner tous, parce qu’elle a souffert… cette Sophie ; parce qu’elle est malheureuse, et que la bonne et tendre Aline ne se satisfait réellement que par la bienfaisance…, et je ne l’adorerais pas !… et, je n’idolâtrerais pas cette fille céleste, mille fois plus belle encore par ses vertus, que par ses attraits… Cette créature angélique qu’il semble que le ciel n’ait créée que pour être le charme de ses amis, le refuge de l’infortune, et les délices de son amant !… Ah ! toutes les expressions sont trop faibles, aucunes ne rend ce que j’éprouve — effet cruel des passions trop violentes… Nature avare des dons que tu nous fais, pourquoi faut-il qu’en nous inspirant un sentiment aussi vif, tu nous prives de la faculté de l’exprimer, et que tout ce que nous essayons pour le peindre soit toujours au-dessous de lui.

Si le nom de ces deux aventuriers nous trompent… si effectivement… je frémis de mes soupçons ! ils me révoltent, et je ne puis les bannir… Eh quoi ! ce serait là le