Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/299

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répète ; bois, mange… et dors, je réfléchirai sur tes plaisirs, et sur notre tranquillité mutuelle : n’es-tu pas trop heureux d’avoir un second tel que moi, un ami qui ne te laisse d’autres soins que celui de cueillir les fruits de tous les forfaits dont il veut bien se couvrir pour ton bonheur ; il est vrai que je risque moins que toi. Je l’avoue, afin de mettre ton cœur à l’aise, et de le dégager d’une partie de la vive reconnaissance qui le captiverait sans cela.

De la considération, mon ami, du crédit, de l’argent, une place, voilà tout ce qu’il faut pour faire ce qu’on veut… Je dis bien,… une place,… oui, une place à l’abri de laquelle on puisse se mettre, en cas de besoin :… car dans les nôtres, par exemple, ce n’est pas de se bien conduire qu’on exige, il s’agit seulement d’y obliger les autres. Pour peu qu’on ait fait rouer magistralement une demi-douzaine de malheureux, on peut mériter de l’être vingt fois soi-même,