Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si je les enfreignis jamais… Je vis mes égards payés par des duretés, mes attentions par des brusqueries, ma fidélité par des crimes, ma soumission par des horreurs.

Hélas ! je m’en crus seule coupable ; je ne m’en pris qu’à moi de n’être pas aimée, malgré les louanges dont j’étais enivrée chaque jour ; j’aimais mieux me croire des défauts ou des torts, que de supposer mon époux injuste : et contente d’avoir obtenu dans mon sein des preuves de son estime, si ce n’en était pas de son amour, tous mes sentimens se portèrent dès-lors sur ces gages sacrés… Eh bien ! me disais-je, je serai l’amie de mes enfans, puisque je n’ai pas été assez heureuse pour être celle de mon époux ; ils me consoleront de ses duretés, et je

    enfance ; une taille longue, frêle, voûtée, la poitrine plate, un son de voix rauque et cassé, et malgré tout cela, beaucoup d’esprit et quelques connaissances.