Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/321

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ose même la lui rendre ; elle n’y perdra rien, ma mère m’a promis de la regarder toujours comme sa fille, je lui ai juré de l’appeler toujours ma sœur, et de lui conserver à jamais tous les sentimens de ce titre… et à celle à qui je les dois réellement… Je ne la verrai donc jamais ?… Qui sait ?… Déterville a écrit ; nous attendons. Ah ! comme je ferais de bon cœur le voyage de Bretagne pour aller l’embrasser !… Mais je ne voudrais pas qu’elle sut que je lui appartins. Je voudrais faire accidentellement connaissance avec elle, pour voir si nos caractères se conviendraient… Si elle finirait par m’aimer… Pour moi, je sens que je l’aime déjà…; ah ! chimères que tout ceci ! je parierais bien que je ne la verrai de ma vie… Quelle fatalité ! que de dérangement !… que de désordre dans une famille cause la cupidité d’une malheureuse nourrice ; je ne suis pas sévère ; mais convenez, mon ami, que de telles fautes ne devraient pas rester sans punition ?