Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/328

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nellement… Elle était malheureuse… Ah comme je l’aurais aimé !… elle s’est tuée de désespoir… Elle était haïe… Funeste erreur !… Tout cela fut-il arrivé sans l’infamie de cette nourrice ? sans l’affreux projet de mon époux ? J’aurais voulu de plus grands détails, mais à quoi m’eussent-ils servis ?… je l’ai perdu !… je ne la verrai jamais !… Il faut étouffer tous les mouvemens de mon cœur, ah ! j’apprends depuis tant d’années à leur faire violence, qu’un sacrifice de plus ne devrait pas me coûter… Valcour, écrivez-moi… calmez-moi, vous n’imaginez pas combien j’ai besoin de l’être, mon cœur toujours déçu, veut les secours de l’amitié, il lui faut un sentiment réel pour le consoler de toutes les illusions qui l’égarent. En vérité, c’est un grand malheur d’être organisé moins grossièrement qu’un autre, pour une ou deux jouissances meilleures, on y trouve vingt tourmens de plus.

L’excès des précautions que nous sommes obligées de prendre, nous privera peut-