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Aline à Valcour.

presque sûre d’obtenir du tems, et dans des circonstances commes celles où nous sommes, le tems fait beaucoup. Rendez-vous donc aux ordres de mon père ne venez plus mais écrivez-nous. Une affaire de la plus grande importance enchaînera le Président à Paris tout l’été, et je crois que ma mère obtiendra d’aller passer cette saison seule avec moi dans sa petite terre de Vert-feuille, près d’Orléans ; unique bien qu’elle ait apporté à mon père, qui comme vous voyez, le lui reproche assez cruellement[1]. Son but est d’obtenir du Président de ne rien précipiter ; elle se chargera, dit-elle, de me disposer à tout, et de vaincre mes répugnances, pourvu qu’on ne presse rien, et qu’on nous laisse passer quelques mois toutes deux solitairement à Vert-feuille… Mon ami, si elle l’obtient, je vous avoue que je regarderai

  1. Cette terre vaut seize mille livres de rente, elle avoit été la seule dot de madame de Blamont, mais il existait dans le contrat qu’elle se marierait séparée de bien ; cette clause et ce médiocre revenu, relativement à la fortune immense de M. de Blamont, étaient les deux motifs de ses reproches.