Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/53

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de nos principes modernes, puisse-t-on voir que l’objet essentiel n’est pas d’avoir de très-jeunes militaires, mais d’en avoir de bons ; et qu’en suivant le préjugé actuel, il est parfaitement impossible que cette classe de citoyen si utile puisse jamais être parfaite, tant qu’il ne s’agira que d’y entrer jeune, sans savoir si l’on a ce qu’il faut pour y être admis, et sans comprendre qu’il est impossible de posséder les vertus nécessaires dès qu’on ne donnera pas aux jeunes aspirans la possibilité de les acquérir par une éducation longue et parfaite.

Les campagnes s’ouvrirent, et j’ose assurer que je les fis bien. Cette impétuosité naturelle de mon caractère, cette âme de feu que j’avais reçue de la nature, ne prêtait qu’un plus grand degré de force et d’activité à cette vertu féroce que l’on appelle courage, et qu’on regarde bien à tort, sans doute, comme la seule qui fût nécessaire à notre état.

Notre régiment écrasé dans l’avant-dernière campagne de cette guerre, fut envoyé dans une garnison en Normandie ; c’est-là que commence la première partie de mes malheurs.

Je venais d’atteindre ma vingt-deuxième