Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/109

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— Rien ne me plaît, qu’un coin pour reposer, dis-je à mon respectable prédécesseur. — Adieu, je vais dormir en détestant tes opinions, en abhorrant tes mœurs, et rendant grace pourtant au ciel du bonheur que j’ai eu de te rencontrer ici.

Il faut que j’achève de te mettre au fait de ce qui regarde le maître que tu vas servir, me dit Sarmiento en venant m’éveiller le lendemain ; suis-moi, nous jaserons tout en parcourant la campagne.

« Il est impossible de te peindre, mon ami, reprit le Portugais, en quel avilissement sont les femmes dans ce pays-ci : il est de luxe d’en avoir beaucoup… d’usage de s’en servir fort peu. Le pauvre et l’opulent, tout pense ici de même sur cette matière ; aussi, ce sexe remplit-il dans cette contrée les mêmes soins que nos bêtes de somme en Europe : ce sont les femmes qui ensemencent, qui labourent, qui moissonnent ; arrivées à la maison, ce sont elles qui préparent à manger, qui approprient, qui servent, et pour comble de maux, toujours elles qu’on immole aux Dieux. Perpé-