Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/113

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des jardins, du palais, et des plaisirs du souverain ? » — Eh quoi ! dis-je, parce qu’une femme accomplit la loi de la nature, elle deviendra de cet instant impropre au service des jardins de son maître ? Il est déjà, ce me semble assez cruel de l’y faire travailler, sans la juger indigne de ce fatiguant emploi, parce qu’elle subit le sort qu’attache le ciel à son humanité. —  « Cela est pourtant : l’Empereur ne voudrait pas qu’en cet état les mains mêmes d’une femme touchassent une feuille de ses arbres. » — Malheur à une nation assez esclave de ses préjugés pour penser ainsi ; elle doit être fort près de sa ruine. —  « Aussi y touche-t-elle, et tel étendu que soit le royaume, il ne contient pas aujourd’hui trente mille ames. Miné de par-tout par le vice et la corruption, il va s’écrouler de lui-même, et les Jagas en seront bientôt maîtres. Tributaires aujourd’hui, demain ils seront vainqueurs ; il ne leur manque qu’un chef pour opérer cette révolution. » — Voilà donc le vice dangereux, et la dépra-