Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/122

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leurs mœurs, et par leur climat. Quelque objection que tu puisses faire, enfin, il n’est pas plus étonnant de voir l’Europe enchaîner l’Afrique, qu’il ne l’est de voir un boucher assommer le bœuf qui sert à te nourrir ; c’est par-tout la raison du plus fort ; en connais-tu de plus éloquente ? — Il en est sans doute de plus sages : formés par la même main, tous les hommes sont frères, tous se doivent à ce titre des secours mutuels, et si la nature en a créé de plus faibles, c’est pour préparer aux autres le charme délicieux de la bienfaisance et de l’humanité… Mais revenons au fond de la question, tu rends un continent malheureux pour fournir de l’or aux trois autres ; est-il bien vrai que cet or soit la vraie richesse d’un État ? Ne jettons les yeux que sur ta Patrie : dis-moi Sarmiento, crois-tu le Portugal plus florissant depuis qu’il exploite des mines ? Partons d’un point : en 1754, il avait été apporté dans ton Royaume plus de deux milliards des mines du Brésil depuis leur ouverture, et cepen-