Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/125

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vous aviez de l’or, mais vous le vouliez manufacturé ; vous l’envoyiez à Londres pour le travailler, il vous en coûtait le double, puisque vous ôtiez, d’une part, dans la masse de l’or monnoyé celui que vous faisiez façonner pour votre luxe, et celui dont vous étiez encore obligés de payer la main-d’œuvre. Il n’y avait pas jusqu’à vos crucifix, vos reliquaires, vos chapelets, vos ciboires, tous ces instrumens idolâtres dont la superstition dégrade le culte pur de l’Éternel, que vous ne fissiez faire aux Anglais ; ils surent enfin vous subjuguer au point de se charger de votre navigation de l’ancien monde, de vous vendre des vaisseaux et des munitions pour vos établissemens du nouveau ; vous enchaînant toujours de plus en plus, ils vous ravirent jusqu’à votre propre commerce intérieur : on ne voyait plus que des magasins anglais à Lisbonne, et cela sans que vous y fissiez le plus léger profit ; il allait tout à vos commettans ; vous n’aviez dans tout cela que le vain honneur de prêter vos noms ;