Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/126

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ils furent plus loin : non-seulement ils ruinèrent votre commerce, mais ils vous firent perdre votre crédit, en vous contraignant à n’en avoir plus d’autre que le leur, et ils vous rendirent par ce honteux asservissement les jouets de toute l’Europe. Une nation tellement avilie doit bientôt s’anéantir : vous l’avez vu, les arts, la littérature, les sciences se sont ensevelis sous les ruines de votre commerce, tout s’altère dans un État quand le commerce languit ; il est à la Nation ce qu’est le suc nourricier aux différentes parties du corps, il ne se dissout pas que l’entière organisation ne s’en ressente. Vous tirer de cet engourdissement serait l’ouvrage d’un siècle, dont rien n’annonce l’aurore ; vous auriez besoin d’un Czar Pierre, et ces génies-là ne naissent pas chez le peuple que dégrade la superstition. Il faudrait commencer par secouer le joug de cette tyrannie religieuse, qui vous affaiblit et vous déshonore ; peu-à-peu l’activité renaîtrait, les marchands étrangers reparaîtraient dans vos