Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/132

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tant de siècles. Elle aime trop les fers dont on l’accable, pour les lui voir briser jamais ; disons mieux, la puissance des Anglais a trop d’activité sur nous, pour que rien de tout cela nous devienne possible. Notre premier tort est d’avoir plié sous le joug… Nous n’en sortirons jamais. Nous sommes comme ces enfans trop accoutumés aux lisières, ils tombent dès qu’on les leur ôte ; peut-être vaut-il mieux pour nous que nous restions comme nous sommes : toute variation est nuisible dans l’épuisement.

Nous en étions là de notre conversation, quand nous vîmes arriver à nous dix ou douze sauvages, conduisant une vingtaine de femmes noires, et s’avançant vers le palais du prince. — Ah ! dit Sarmiento, voilà le tribut d’une des provinces, retournons promptement, le Roi voudra sans doute te faire commencer tout de suite les fonctions de ta charge. — Mais instruis-moi du moins ; comment puis-je deviner le genre de beauté qu’il désire trouver dans ses femmes, et ne le sachant pas, comment