Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/142

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par celui qui la possède, le soit également dans l’acte du plaisir, comme dans les autres ? — Je vois cela bien différemment, et ces voluptés doivent être bien tristes, toutes les fois qu’elles ne sont pas partagées ; l’isolisme m’effraye ; je le regarde comme un fléau ; je le vois, comme la punition de l’être cruel ou méchant, abandonné de toute la terre ; il doit l’être de sa compagne, il n’a pas su répandre le bonheur ; il n’est plus fait pour le sentir. — C’est avec cette pusillanimité de principes, que l’on reste toujours dans l’enfance, et qu’on ne s’élève jamais à rien ; voilà comme on vit et meurt dans le nuage de ses préjugés, faute de force et d’énergie, pour en dissiper l’épaisseur. — Qu’a de nécessaire cette opération, dès qu’elle outrage la vertu ? — Mais la vertu, toujours plus utile aux autres qu’à nous, n’est pas la chose essentielle ; c’est la vérité seule qui nous sert ; et s’il est malheureusement vrai qu’on ne la trouve qu’en s’écartant