Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/166

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contrarier quelques-uns de mes principes, pour mieux te prouver l’injustice des tiens.

N’imagine pas que cette erreur, à laquelle on attache une si grande importance en Europe, soit aussi conséquente qu’on le croit. De quelque manière qu’on veuille l’envisager, on ne la trouvera dangereuse que dans un seul point. Le tort qu’elle fait à la population. Mais ce tort est-il bien réel ? c’est ce qu’il s’agit d’examiner. Qu’arrive-t-il, en tolérant cet écart ? qu’il naît, je le suppose, dans l’état, un petit nombre d’enfans de moins ; est-ce donc un si grand mal, que cette diminution, et quel est le gouvernement assez faible, pour pouvoir s’en douter ? Faut-il à l’État, un plus grand nombre de citoyens, que celui qu’il peut nourrir ? Au-delà de cette quantité, tous les hommes, dans l’exacte justice, ne devraient-ils pas être maîtres de produire, ou de ne pas produire ; je ne connais rien de si risible, que d’entendre crier sans-cesse en faveur de la population. Vos compatriotes, sur-tout, vos