Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/186

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peuple infortuné, le dissout et l’écrase à-la-fois[1].

Les habitans du Royaume de Butua ont un souverain mépris pour tous ceux qui ne savent pas gagner leur vie ; ils disent que chaque individu tenant à un district quelconque, et devant être nourri par ce district s’il y remplit sa tâche, ne doit manquer que par sa faute ; de ce moment ils l’abandonnent, ne lui fournissent aucune sorte de secours, et en cet état de délaissement et d’inaction, il devient bientôt la victime du riche, qui l’immole, en disant que l’homme mort est moins malheureux que l’homme souffrant.

Ici la médecine s’exerce par les prêtres secondaires des temples ; ils ont quelques teintures de botanique qui les mettent à même d’ordonner certains remèdes quelque fois assez à propos. Ils n’exercent jamais ce ministère gratis, ils se font payer en prêt

  1. Je le répète, il en sera toujours de même dans tous les Gouvernemens despotiques, et jamais un peuple sage ne réussira à se défaire de l’un de ces jougs, s’il ne secoue l’autre.