Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/203

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donc du soin de mon petit ménage, et je rendis sa vie si douce, qu’elle voulait se tuer de désespoir quand elle sut que je songeais à quitter le pays. Il y a donc, là comme ailleurs, de l’ame, de la sensibilité, de la reconnaissance et de la délicatesse, ce sexe si cruellement outragé dans ces féroces climats ; il a donc tout ce qu’il faut pour rendre ses maîtres heureux, si, renonçant à l’affreux droit de le maîtriser, ces tyrans préféraient celui bien plus doux de cultiver des vertus qui feraient aussi bien la douceur de leur vie.

Sarmiento n’eut pas plutôt appris cette action qu’il la blâma ; non-seulement elle choquait ses indignes maximes, mais elle était même, prétendait-il, contre les loix du pays, puisqu’elle ravissait à un époux les droits qu’il avait sur sa femme, et comment, d’ailleurs, avec de l’esprit, poursuivait ce cruel sophiste, comment t’imaginer avoir fait une bonne œuvre, quand de deux êtres qu’intéresse cette action, il en reste un de malheureux. —