Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/205

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une manière d’être désagréable pour un des deux individus qu’elle touche, en remettant les choses comme elles étaient, ne peut plus être regardée comme vertueuse, elle n’est plus qu’indifférente, puisqu’elle n’a fait que changer les situations. — Elle est bonne dès qu’elle venge le crime. — Elle ne peut être telle, dès qu’elle laisse un individu dans le malheur, et pour qu’elle pût avoir ce caractère de bonté que tu lui supposes, il faudrait qu’on fût mieux instruit sur ce qui est crime ou sur ce qui ne l’est pas ; tant que les idées de vice ou de vertu ne seront pas plus développées, tant qu’on variera, tant qu’on flottera sur ce qui caractérise l’un ou l’autre, celui qui, pour venger ce qu’il croit mal, rendra un autre être à plaindre, n’aura sûrement rien fait de vertueux. — Eh ! que m’importent tes raisonnemens, dis-je en colère à ce maudit homme, il est si doux de se livrer à de telles actions, que fussent-elles même équivoques, il nous reste toujours au fond du cœur la jouissance délicieuse de les avoir faites. — D’accord,