Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/206

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reprit Sarmiento, dis que tu as fait cette action parce qu’elle te flattait, que tu t’es livré, en la faisant, à un genre de plaisir analogue à ton organisation ; que tu as cédé à une sorte de faiblesse flatteuse pour ton ame sensible ; mais ne dis pas que tu as fait une bonne action, et si tu m’en vois faire une contraire, ne dis pas que j’en fais une mauvaise, dis que j’ai voulu jouir comme toi, et que nous avons cherché chacun ce qui convenait le mieux à notre manière de voir et de sentir.

Enfin la vengeance du ciel éclata sur ce malheureux Portugais : le fourbe, en me dévoilant une partie de sa conduite, dont les détails que je vous cache, vous feraient frémir sans doute, m’avaient pourtant déguisé le crime affreux qu’il méditait pour lors. Cet homme, sans ame, sans reconnaissance, comme tous ceux que l’ambition dévore, oubliant qu’il devoit la vie à ce Monarque contre lequel il complotait, osait penser à le détrôner pour se mettre lui-même à sa place. Avec les seules troupes