Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/209

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plus, sans-doute, il est à plaindre : je le regrettai, parce que c’était le seul être avec qui je pus raisonner quelquefois ; il me semblait qu’isolé au milieu de ces barbares, je devenais plus faible et plus infortuné.

Depuis que j’y étais, j’avais déjà exercé mon ministère sur cinq troupes de femmes, sans qu’aucune blanche eût encore paru. Ne me flattant plus de voir jamais arriver ma chère Léonore sur ces côtes, où l’espoir de la délivrer et de la ramener en Europe, fixait seul mes destins, je m’occupais sérieusement de mon secret départ, lorsque le roi me fit dire qu’il avait quelque chose à me communiquer. Il entendait fort bien le portugais : je l’avais appris avec Sarmiento, et j’étais, au moyen de cela, très en état, depuis quelque temps, de m’entretenir avec sa majesté ; elle m’apprit donc qu’elle venait de recevoir des nouvelles d’une troupe de femmes blanches, actuellement dans un petit fort portugais, existant sur les frontières du Monomotapa,