Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/214

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sur ma tête, au moindre mot, ou à la plus légère démarche qui pût s’éloigner de mon ministère.

Rien de moins effrayant pour moi que cette formalité, si j’eusse eu le moindre soupçon que ma chère Léonore dût être au nombre de ces femmes, mille morts ne m’eussent pas empêché de la saisir et de l’emporter au bout du monde. Mais je m’étais tellement affermi dans l’idée que cela ne pouvait être, que j’examinai ces femmes-ci avec la même indifférence que les autres ; deux me parurent de vingt-cinq à trente ans ; l’une desquelles me sembla mal faite, très-brune de peau, et très-éloignée d’être comme il les fallait au monarque ; l’autre était joliment tournée, mais plus de prémices. La troisième fixa plus long-temps mes regards ; je dus la soupçonner beaucoup plus jeune que les deux premières. Sa peau était éblouissante, et toutes les parties de son corps, formées comme par la main même des grâces. Elle répugnait beaucoup à l’exa-