Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/267

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je veux que tu sois son législateur, son guide, ce sont des vertus qu’il lui faut donner, en un mot, et non pas des fers. Méprise souverainement ces tyrans, que l’Europe va dévoiler à tes regards, tu les verras par-tout entourés d’esclaves, qui leur déguisent la vérité, parce que ces favoris auraient trop à perdre en la leur montrant ; ce qui fait que les Rois ne l’aiment point, c’est qu’ils se mettent presque toujours dans le cas de la craindre : le seul moyen de ne la pas redouter est d’être vertueux ; celui qui marche à découvert, celui dont la conscience est pure, ne craint pas qu’on lui parle vrai ; mais celui dont le cœur est souillé, celui qui n’écoute que ses passions, aime l’erreur et la flatterie, parce qu’elles lui cachent les maux qu’il fait, parce qu’elles allègent le joug dont il accable, et qu’elles lui montrent toujours ses sujets dans la joie, quand ils sont noyés dans les larmes. En démêlant la cause qui engage les courtisans à la flatterie, qui les contraint à jetter un voile