Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/274

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ment je la crus possible…… que dis-je ! de ce moment je la crus seule faite pour la félicité d’un peuple[1]; tous les hommes sortent égaux des mains de la nature, l’opinion qui les distingue est fausse ; par-tout où ils seront égaux, ils peuvent être heureux ; il est impossible qu’ils le soient où les différences existeront. Ces différences ne peuvent rendre, au plus, qu’une partie de la Nation heureuse, et le Souverain doit travailler à ce qu’elles le soient toutes également. Ne m’objectez point les difficultés de rapprocher les distances, il ne s’agit que de détruire des opinions et d’égaliser des fortunes, or cette opération est moins difficile que l’établissement d’un impôt.

À la vérité, j’avais moins de peine qu’un autre, j’opérais sur une Nation encore trop près de l’état de nature, pour s’être cor-

  1. N’oublions jamais que cet ouvrage est fait un an avant la révolution française.