Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/277

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tiplicité des loix devient inutile quand les vices diminuent : ce sont les crimes qui ont nécessité les loix ; diminuez la somme des crimes, convenez que telle chose que vous regardiez comme criminelle, n’est plus que simple, voilà la loi devenue inutile ; or, combien de fantaisies, de misères, n’entraînent aucune lézion envers la société, et qui, justement appréciées par un législateur philosophe, pourraient ne plus être regardées comme dangereuses, et encore moins comme criminelles. Supprimez encore les loix que les tyrans n’ont faites que pour prouver leur autorité et pour mieux enchaîner les hommes à leurs caprices ; vous trouverez, tout cela fait, la masse des freins réduite à bien peu de choses, et par conséquent l’homme qui souffre du poids de cette masse, infiniment soulagé. Le grand art serait de combiner le crime avec la loi, de faire ensorte que le crime quel qu’il fût, n’offensât que médiocrement la loi, et que la loi, moins rigide, ne s’appesantît que sur fort peu de crimes, et voilà encore ce