Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas ; contenez-le pour son propre bonheur, mais ne l’écrasez point par un fatras de loix absurdes ; que tout votre travail tende à doubler ses plaisirs en lui ménageant l’art d’en jouir long-temps et avec sûreté ; donnez-lui une religion douce, comme le dieu qu’elle a pour objet ; dégagez-la sur-tout de ce qui ne tient qu’à la foi ; faites-la consister dans les œuvres et non dans la croyance. Que votre peuple n’imagine pas qu’il faille croire aveuglément tels et tels hommes, qui dans le fond n’en savent pas plus que lui, mais qu’il soit convaincu que ce qu’il faut, que ce qui plaît à l’Éternel est de conserver toujours son ame aussi pure que quand elle émana de ses mains ; alors il volera lui-même adorer le Dieu bon qui n’exige de lui que les vertus nécessaires au bonheur de l’individu qui les pratique ; voilà comme ce peuple chérira votre administration, voilà comme il s’y assujétira lui-même, et voilà comme vous aurez dans lui des amis fidèles, qui périraient plutôt que de vous abandonner, ou que de ne pas