Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/323

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que pour me caresser, ne me parlèrent que pour me louer, ne m’interrogèrent que pour tirer de mes réponses quelques sujets de m’applaudir[1].

  1. Un philosophe français qui voyage trouve, il en faut convenir, dans les individus de sa Nation qu’il rencontre, des sujets d’étude pour le moins aussi intéressans que ceux que lui offrent les étrangers chez lesquels il est. On ne rend point l’excès de la fatuité, de l’impertinence avec lequel nos élégans voyagent ; ce ton de dénigrement avec lequel ils parlent de tout ce qu’ils ne conçoivent pas, ou de tout ce qu’ils ne trouvent pas chez eux ; cet air insultant et plein de mépris, dont ils considèrent tout ce qui n’a pas leur sotte légèreté, le ridicule, en un mot, dont ils se couvrent universellement, est sans contredit un des plus certains motifs de l’antipathie qu’ont pour nous les autres peuples ; il en devrait résulter, ce me semble, une attention plus particulière aux ministres, à n’accorder l’agrément