Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/351

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servi à des choses utiles ; tel autre élève montrera du goût pour l’architecture, le voilà maçon ; mais, ni les uns, ni les autres, ne sont mercenaires, on les paye des services qu’ils rendent par d’autres services ; c’est pour le bien de l’État qu’ils travaillent, quel infâme préjugé les avilirait donc ? quel motif les rabbaisserait aux yeux de leurs compatriotes ? Ils ont le même bien, la même naissance, ils doivent donc être égaux : si j’admettais les distinctions, assurément ils l’emporteraient sur ceux qui seraient oisifs ; le Citoyen le plus estimé, dans un État, ne doit pas être celui qui ne fait rien, la considération n’est dûe qu’à celui qui s’occupe le plus utilement.

Mais les récompenses que vous accordez au mérite, dis-je à Zamé, doivent, en distinguant celui qui les obtient, produire des jalousies, établir malgré vous des différences ? — Autre erreur, ces distinctions excitent l’émulation ; mais elles ne font point éclore de jalousies : nous prévenons ce vice dès l’enfance, en accoutumant nos