Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/372

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tumes, et l’apparence d’une justice qui n’était autre dans le fond que le desir de conserver des usages horribles auxquels vous ne pouviez renoncer.

Examinons un instant ce que c’est qu’une loi et l’utilité dont elle peut être dans un État.

Les hommes, dit Montesquieu, considérés dans l’état de pure nature, ne pouvaient donner d’autres idées que celles de la faiblesse fuyant devant la force des oppresseurs sans combats et des opprimés sans résistance ; ce fut pour mettre la balance que les loix furent faites, elles devaient donc établir l’équilibre. L’ont-elles fait ? Ont-elles établi cet équilibre si nécessaire ; et qu’a gagné le faible à l’érection des loix ? sinon que les droits du plus fort au lieu d’appartenir à l’être à qui les assignait la nature, redevenaient l’apanage de celui qu’élevait la fortune ? Le malheureux n’a donc fait que changer de maître et toujours opprimé comme avant, il n’a donc gagné que de l’être avec un peu plus de