Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/404

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dans les sentiers de la vertu, l’homme finira par la préférer, par s’y porter naturellement, rien qu’en raison des difficultés dont on aurait eu l’art de la couvrir, et voilà ce que sentirent si bien les adroits législateurs de la Grèce ; ils firent tourner au bonheur de leurs Concitoyens les vices qu’ils trouvèrent établis chez eux, l’attrait disparut avec la chaîne, et les Grecs devinrent vertueux seulement à cause de la peine qu’ils trouvèrent à l’être, et des facilités que leur offrait le vice.

L’art ne consiste donc qu’à bien connaître ses Concitoyens, et qu’à savoir profiter de leur faiblesse ; on les mène alors où l’on veut ; si la religion s’y oppose, le législateur doit en rompre le frein sans balancer : une religion n’est bonne qu’autant qu’elle s’accorde avec les loix, qu’autant qu’elle s’unit à elles pour composer le bonheur de l’homme. Si, pour parvenir à ce but, on se trouve forcé de changer les loix, et que la religion ne s’allie plus aux nouvelles, il