Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/418

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figure. Il n’y a que des époux dans ce que vous voyez, me dit Zamé, on n’entre jamais dans le monde qu’avec ce titre, je vous l’ai dit ; mais, quoique tout ce qui est ici soit marié, il n’y a pourtant aucun ménage de réuni, aucun mari n’y a sa femme, aucune femme n’y voit son époux ; j’ai cru qu’ainsi vous jugeriez mieux nos mœurs. On servit quelques mets simples et frais à cet aimable cercle, ensuite chacun développa ses talens, on joua de quelques instrumens inconnus parmi nous, et que ce peuple avait avant sa civilisation ; les uns ressemblaient à la guitare, d’autres à la flûte ; leur musique, peu variée dans ses tons, ne me parut point agréable. Zamé ne leur avait donné aucune notion de la nôtre : je crains, me dit-il, que la musique ne soit plus faite pour amolir et corrompre l’ame, que pour l’élever, et nous évitons avec soin ici tout ce qui peut énerver les mœurs ; je leur ai trouvé ces instrumens, je les leur laisse ; je n’innoverai rien sur cette partie.

Après le concert, les deux sexes se mêlè-