Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/422

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propice ou non, qu’il doive ou non réussir, leur épaisse conscience est calme toutes les fois que la règle est suivie, et qu’ils se sont comportés dans la règle.

Si un seul de ces jeunes gens, poursuivit Zamé, venait à manquer à ce qu’il doit, il serait exclus de ma maison, et cette crainte les contient d’autant plus, que j’ai su me faire aimer d’eux ; ils frémiraient de me déplaire. — Mais lorsque vous ne les voyez pas ? — Alors ils sont chez eux, les époux se retrouvent unis, le soin de leur ménage les occupe, et ils ne pensent pas à se trahir. Ce n’est pas, continua Zamé, qu’il n’y ait quelques exemples d’adultères ; mais ils sont rares, ils sont cachés, ils n’entraînent ni trouble, ni scandale. Si les choses vont plus loin, si je soupçonne qu’il puisse résulter quelques suites fâcheuses, je sépare les coupables, je les fais habiter des villes différentes, et dans des cas plus graves encore, je les bannis pour quelque tems de Tamoé ; cette punition de l’exil, annexée aux crimes capitaux, les effraie à tel point