Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/425

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jusqu’aux maisons où s’élevait la jeunesse, et dont je vous parlerai bientôt. Les enfans des deux sexes en sortirent en foule ; conduits par des vieillards, ils nous suivirent également ; nous marchâmes dans cet ordre jusqu’au pied d’une montagne qui se trouvait à l’orient derrière la ville ; Zamé monta jusqu’au sommet, je l’y suivis avec sa famille, le peuple nous environna… le plus grand silence s’observait… enfin l’astre parut… À l’instant toutes les têtes se prosternèrent, toutes les mains s’élevèrent aux cieux, on eût dit que leurs ames y volaient également.

« Ô souverain éternel, dit Zamé, daigne accepter l’hommage profond d’un peuple qui t’adore… Astre brillant, ce n’est pas à toi que nos vœux s’adressent, c’est à celui qui te meut et qui t’a créé ; ta beauté nous rappelle son image… tes sublimes opérations sa puissance… Porte-lui nos respects et nos vœux ; qu’il daigne nous protéger tant que sa bonté nous laisse ici-bas ; qu’il veuille nous