Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/435

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sent, je créerai parmi eux des prêtres et des gens de robe, je permettrai aux uns de les entretenir de Dieu, aux autres de leur parler de Farinacius, de dresser des echafauds, d’en orner même les places de nos villes à demeure, ainsi que je l’ai observé dans quelques-unes de vos provinces, monumens éternels d’infamie, qui prouvent à la fois la cruauté des souverains qui le permettent, la brutale ineptie des magistrats qui l’érigent, et la stupidité du peuple qui le souffre… Allons dîner, me dit Zamé, je vous ferai jouir ce soir d’un de leur talent, dont vous n’avez encore nulle idée.

Cet instant arrivé, Zamé me mena sur la place publique, j’en admirais les proportions. Tu ne loues pas son plus grand mérite, me dit-il ; elle n’a jamais vu couler de sang, elle n’en sera jamais souillée. Nous avançâmes ; je n’avais point encore connaissance du bâtiment régulier et parallèle à la maison de Zamé, l’un et l’autre ornant cette place… — Les deux étages du haut, me dit ce philosophe, sont des greniers publics ;