Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/436

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c’est le seul tribut que je leur impose, et j’y contribue comme eux. Chacun est obligé d’apporter annuellement dans ce magasin une légère portion du produit de sa terre, du nombre de celles qui se conservent ; ils le retrouvent dans des tems de disette : j’ai toujours là de quoi nourrir deux ans la capitale ; les autres villes en font autant ; par ce moyen nous ne craignons jamais les mauvaises années, et comme nous n’avons ni administrateurs ni monopoleurs, ce qui est synonime, il est vraisemblable que nous ne mourrons jamais de faim. Le bas de cet édifice est une salle de spectacle. J’ai cru cet amusement, bien dirigé, nécessaire dans une nation. Les sages Chinois le pensaient de même ; il y a plus de trois mille ans qu’ils le cultivent : les Grecs ne le connurent qu’après eux. Ce qui me surprend, c’est que Rome ne l’admît qu’au bout de quatre siècles, et que les Perses et les Indiens ne le connurent jamais. C’est pour vous fêter que se donne la pièce de ce soir. Entrons, vous allez voir le fruit que je recueille de cet honnête et instructif délassement.