Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/454

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moyennant tout se passe à l’amiable ; tout cela pourtant n’empêche pas de légères discussions ; il y en a. Huit vieillards m’assistent régulièrement dans la fonction de les examiner ; ils s’assemblent chez moi trois fois la semaine : nous voyons les affaires courantes, nous les décidons entre nous, et l’arrêt se prononce au nom de l’État. Si on en appelle, nous revoyons deux fois ; à la troisième on n’en revient plus, et l’État vous oblige à passer condamnation ; car l’État est tout ici ; c’est l’État qui nourrit le citoyen, qui élève ses enfans, qui le soigne, qui le juge, qui le condamne, et je ne suis, de cet État, que le premier citoyen.

Nous n’admettons la peine de mort dans aucun cas. Je vous ai dit comme était traité le meurtre, seul crime qui pourrait être jugé digne de la mériter. Le coupable est abandonné à la justice du Ciel ; lui seul en dispose à son gré. Il n’y en a encore eu que deux exemples sous la législature de mon père et la mienne. Cette nation, naturel-