Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/467

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de punitions, il faisait triompher la vertu, en n’employant jamais que les ressorts de la gloire et de la sensibilité.

Il faut nous séparer, mon ami, me dit le lendemain Zamé, en m’accompagnant vers mon vaisseau… Je te le dis, pour que tu ne me l’apprennes pas. — Ô vénérable vieillard, quel instant affreux !… Après les sentimens que vous faites naître, il est bien difficile d’en soutenir l’idée. — Tu te souviendras de moi, me dit cet honnête homme en me pressant sur son sein ;… tu te rappelleras quelquefois que tu possèdes un ami au bout de la terre… tu te diras : j’ai vu un peuple doux, sensible, vertueux sans loix, pieux sans religion ; il est dirigé par un homme qui m’aime, et j’y trouverai un asyle dans tous les tems de ma vie… J’embrassai ce respectable ami ; il me devenait impossible de m’arracher de ses bras… Écoute, me dit Zamé avec l’émotion de l’enthousiasme, tu es sans doute le dernier français que je verrai de ma vie… Sainville, je voudrois tenir encore à cette