Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/468

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nation qui m’a donné le jour… Ô mon ami ! écoute un secret que je n’ai voulu dévoiler qu’à l’époque de notre séparation : l’étude profonde que j’ai faite de tous les gouvernemens du monde, et particulièrement de celui sous lequel tu vis, m’a presque donné l’art de la prophétie. En examinant bien un peuple, en suivant avec soin son histoire, depuis qu’il joue un rôle sur la surface du globe, on peut facilement prévoir ce qu’il deviendra. Ô Sainville, une grande révolution se prépare dans ta patrie ; les crimes de vos souverains, leurs cruelles exactions, leurs débauches et leur ineptie ont lassé la France ; elle est excédée du despotisme, elle est à la veille d’en briser les fers. Redevenue libre, cette fière partie de l’Europe honorera de son alliance tous les peuples qui se gouverneront comme elle… Mon ami, l’histoire de la dynastie des chefs de Tamoé ne sera pas longue… Mon fils ne me succédera jamais ; il ne faut point de rois à cette nation-ci : les perpétuer dans son sein serait lui préparer