Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/471

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d’une ame à la fois oppressée par la douleur et saisie de la plus profonde admiration[1].

  1. L’instant de calme, où se trouve maintenant le lecteur, nous permet de lui communiquer des réflexions par lesquelles nous n’avons pas voulu l’interrompre.
    On a objecté que le peuple, qui vient d’être peint, n’avait qu’un bonheur illusoire ; que foncièrement il était esclave, puisqu’il ne possédait rien en propre. Cette objection nous a parue fausse ; il vaudrait alors autant dire que le père de famille, propriétaire d’un bien substitué, est esclave, parce qu’il n’est qu’usufruitier de son bien, et que le fonds appartient à ses enfans. On appelle esclave celui qui dépend d’un maître qui a tout, et qui ne fournit à cet homme servile que ce qu’il faut à peine pour sa subsistance ; mais ici il n’y a point d’autre maître que l’État, le chef en dépend comme les autres ; c’est à l’État que sont tous les biens, ce n’est pas au chef. — Mais le citoyen, continue-t-on, ne peut ni vendre, ni engager.