Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/472

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Mon dessein étant de suivre le conseil de Zamé, nous reprîmes la route que nous ve-

    Eh ! qu’a-t-il besoin de l’un ou de l’autre ? C’est pour vivre ou pour changer, qu’on vend ou qu’on engage ; si ces choses sont prouvées inutiles ici, quel regret peut avoir celui qui ne peut les faire ? Ce n’est pas être esclave, que de ne pouvoir pas faire une chose inutile ; on n’est tel, que quand on ne peut pas faire une chose utile ou agréable. À quoi servirait ici de vendre ou d’acheter, puisque chacun possède ce qu’il lui faut pour vivre, et que c’est tout ce qui est nécessaire au bonheur. — Mais on ne peut rien laisser à ses enfans. — Dès que l’État pourvoit à leur subsistance et leur donne un bien égal au vôtre, qu’avez-vous besoin de leur laisser ? C’est assurément un grand bonheur pour les époux, d’être sûrs que leur postérité, destinée à être aussi riche qu’eux, ne peut jamais leur être à charge et ne désirera jamais leur mort pour devenir riche à son tour. Non, certes, ce peuple n’est point esclave ;